La main tendue...si Dieu le veut !

Publié le 30 Septembre 2010

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Mercredi 6

La Main tendue.

Service de relais des femmes. Accueil, information et orientation pour femmes victimes de violences.

C'est ainsi que se définit ce lieu.

C'est ici ce soir que nous jouons. Représentations fermées au public, uniquement pour les résidentes et leurs enfants. 

Jamais nous n'avons été si proches de l'intimité non pas d'une famille mais de plusieurs.

Une grande famille de femmes et d'enfants. Ne vous trompez pas, ce ne sont pas des femmes battues, je vous demande de me croire, ici je n'ai vu que des battantes. 

Nous posons nos théâtres dans la salle commune de ce chez-elles-pas-chez-elles, maison-abri de la débrouille et de l'entraide. Pas beaucoup de sous sous la façade fatiguée, mais la salle de vie commune a la coquetterie de ne pas être froide, impersonnelle et juste fonctionnelle. Non. Ici de jolies photos sous cadres au mur, des plantes vertes, paravent en osier, canapé motifs noirs et blancs et les murs travaillés dans une alternance de peintures chaudes.  

Il fait froid dehors mais ici il y a de la chaleur. On y vit ensemble, dans une grande promiscuité, pas toujours facile bien sûr, mais il y a tellement d'envie, de vie, les enfant courent, les mères veillent, se soucient les unes des autres. Ici il y a le sourire de Marie-Thérèse et Manaelle, le calme de José, pour que tout ça tienne et existe, pour que la page puisse se tourner et que ces femmes trouvent la force d'écrire l'avenir.

J'entends souvent en fin de phrase "si Dieu le veut!"

ça s'appelle La Main Tendue.

Et ça se sent.

Nous n'y jouons pas comme nous jouons ailleurs. C'est la première fois que la porte s'est ouverte au théâtre. Nous avons transformé la pièce commune, soigné l'éclairage, le canapé noir et blanc au premier rang, réagencé les plantes, le paravent cache les projecteurs. Nous sommes chez-elles-pas-chez-elles, invités d'un soir. Faut que ce soit beau, faut se faire beau. Nous jouons deux fois la chacha et le petit bonhomme. Pour les mamans et les enfants qui s'installent au compte goutte, leur billet d'entrée à la main.

Et puis le petit oiseau en carton dit : "bon, je vais m'arranger pour protéger toute seule mon petit".

Et puis le Petit-Bonhomme dit "peut-être que tout au bout, j'aurai de la force!"

Les mêmes mots que d'habitude, mais pas le même écho.

Nous partageons le repas du soir. Il y a un air de fête dans la salle de vie commune.

Vincent et moi sommes là, au milieu, mais à côté. Difficile de parler de part et d'autre. Il faut servir les repas, faire manger les enfants qui courent en criant chachatatutututu chachatatutututu. On aide au service, échange de sourires, mais pas vraiment de mots. 

Puis au moment de partir nous tendons la main pour dire au revoir à chacune. Et c'est quelque chose alors qui passe. Qui se passe. Dans ce moment bref, paume contre paume. Merci. J'ai aimé vos histoires. C'était beau les ombres. ça me rappelait quand j'étais petite. J'ai tout compris, tous les mots. Vous avez joué avec le coeur.

Une petite phrase, un regard. une main qui se serre plus fort.

C'était à la Main Tendue. C'était un beau moment. Dieu l'a voulu.

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Rédigé par alombredicietla.over-blog.com

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